A la Nouvelle-Orléans Halloween est une performance !

En coulisse, la préparation d’une série. Concevoir, prévoir et se laisser porter par la vague. Portraits d’Halloweeners !

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Guides de voyages, blogs et quelques amis étaient affirmatifs. “Si tu veux vivre un Halloween de fou aux USA va à la Nouvelle-Orléans !” Halloween et la Nouvelle-Orléans ne font qu’un ! Comme Mardi Gras d’ailleurs. Mais je crois tout simplement que l’esprit de la fête et la Nouvelle-Orléans ne font qu’un.

Pour réaliser cette série sur les Halloweeners (je ne sais pas si le mot existait mais maintenant il existe) je voulais voyager léger. Je voulais glisser le long des rues, épouser le mouvement de la foule.

Surfer cette vague costumée et bigarrée avec le plus de liberté possible. Je ne cherchais pas forcément à être discret, bien au contraire ! Je savais que je devrais arrêter les personnes pour leur demander de poser. Mais cependant je voulais rendre la « séance » rapide et « indolore ».

J’avais prévu travailler sans assistant mais je ne voulais pas monter un flash directement sur le boîtier.

Reflex et flash cobra

J’ai opté pour un appareil reflex léger et maniable et un flash cobra dont Serge Picard (site de Serge Picard) m’avait venté et appris la grande efficacité lors de l’un de ses stages (découvrir les stages des Ateliers photographiques). Il m’avait recommandé d’équiper ce flash d’une petite boîte à lumière pliable et dépliable rapidement. J’ai trouvé ce qu’il me fallait, une SMDV de 40 cm de diamètre. Pour relier l’appareil et le flash j’ai utilisé un émetteur-récepteur simple et fonctionnant en mode manuel uniquement. Cela m’a permis de déporter le flash et d’envisager de disposer d’un éclairage latéral.

L’ensemble prend très peu de place et le boîtier débarrassé de son booster peut-être tenu à une main tandis que de l’autre on peut tenir le flash (pour les plus costauds le booster a l’avantage d’une meilleur préhension en format vertical). Habitué au Phase One XF j’ai trouvé le reflex ultra léger.

YouTube pour se préparer au voyage

Pour me préparer j’ai regardé de nombreuses vidéos sur le sujet. Quelques chaînes YouTube (Nola Halloween 2015) hébergent des videos riches en informations pour se faire une idée de l’événement. J’ai pu observer la façon dont les rues étaient arpentées par des centaines de personnes pendant une nuit entière et quels étaient les lieux les plus prisés.

C’est d’abord une sorte de long serpent se déplaçant avec lenteur puis au fil de la nuit des mouvements plus erratiques.

Le rythme des marcheurs est celui d’une procession. Je ne voulais pas me disperser et perdre du temps. J’ai choisi de me concentrer sur Bourbon Street, sorte de voie royale menant à Frenchmen street, le point de chute où la fête bat son plein.

J’ai parcouru les rues en journée pour me familiariser avec les lieux. La Nouvelle-Orléans, surnommée Nola, n’est pas du tout comme les autres villes américaines, du moins en son centre et en particulier dans le French Quarter. « C’est un ailleurs » comme le chantait Henri Salvador, une sorte de lieu intemporel où se mêlent les influences françaises et espagnoles dans l’architecture.

L’importance de l’arrière plan

Ces repérages effectués de jour et de nuit m’ont aidé à faire le choix d’éliminer les arrières plans. D’un balcon en fer ouvragé à l’enseigne de bar ou de magasin, les éléments susceptibles de perturber ou d’attirer l’attention m’ont conduit à envisager un fond le plus neutre possible dans la plupart des cas.

De cette manière j’ai pu me rapprocher un peu plus de l’esprit du studio où j’aime utiliser un fond, coloré le plus souvent (voir les backdrop sur le compte instagram).

Dans certains cas j’ai juste laissé apparaître des éléments lumineux qui auraient pu être créés aussi au studio.

Je voulais que la photographie permette de se concentrer sur les visages, en particulier sur le regard des protagonistes. Lors de cet événement, le masque permet de s’offrir un rôle. Chacun est pris au jeu. Le soin apporté au déguisement et au maquillage est poussé à l’extrême. Chaque personnage incarne un rôle plus qu’il ne se déguise pour la fête me semble-t-il. Il y a une sorte de libération à se dissimuler derrière un personnage j’imagine. Ce n’est pas nous mais un autre.

Il y a à ce sujet de nombreuses réflexions de sociologues et d’anthropologues. La mienne est une proposition plastique centrée sur le regard.

Retrouvez la série en image sur le site dans la rubrique Portraits